On avait oublié de m'annoncer monsieur apparement [Josh]

3-2

"Félicitations"

Noreen reposa sa raquette et s'essuya le front. Elle venait de disputer, et de perdre, une partie de tennis avec Faith. La première de l'année. C'était la rentrée et après les présentations d'usage, avoir remplis les dossiers et toutes autres mises en routes de débuts d'année, les élèves avaient eu quartier libre pour s'installer dans l'université, et puis découvrir les lieux pour les quelques nouveaux. Ce n'était pas bien compliqué une fois que l'on avait compris le principe, tout était logique. Noreen et Faith avaient décidé de reprendre leurs entrainements de tennis. L'an dernier, elles jouaient deux fois par semaine, Une façon comme une autre de garder la forme et surtout d'évacuer leur agressivité et leur colère afin que cela ne perturbe pas leur exercices, c'était un conseil de leur professeur. Faith et elle s'étaient vite rendus compte que c'était le tennis qui leur permettait d'évacuer tous leurs soucis. Elles faisaient des fois de longs matchs jusqu'à ce qu'elles s'assoient sur le bord, vidées mais apaisées. Cela lui avait manqué, beaucoup de choses lui avait manqué cet été d'ailleurs, elle ne s'était pas attendue à ça. D'ailleurs, elle avait perdu en endurance. Elle avait perdu ce match de justesse mais elle l'avait perdu alors qu'elle était plutôt bonne sur le terrain l'an dernier. Ragaillardie par sa victoire, Faith proposa un match à quelqu'un d'autre tandis que Noreen quittait le cours.

Elle parcourut rapidement le chemin qui reliait les terrains de sport au bâtiment principal de l'université, Elle avait hâte de prendre une douche, le soleil de septembre était encore chaud, surtout au milieu de l'après-midi. Sous-prétexte que c'était la rentrée elle n'avait pas pris garde à l'heure. Heureusement qu'elle ne prenait pas de coups de soleil comme les humains, elle serait écarlate avec sa peau pâle. Elle croisa la directrice dans le hall qu'elle salua poliment. Elle avait beaucoup de respect pour elle et pour les autres professeurs, cela ne devait pas être simple tous les jours de gérer des jeunes de leurs âges dotés de donc puissants et mal maitrisés. L'an dernier l'un d'eux avait failli faire bruler une des ailes de l'école, heureusement qu'il s'était contrôlé à temps. Noreen n'avait pas assisté à cela mais l'histoire avait fait le tour de l'école. Elle délaissa l'escalier et se dirigea vers la porte qui séparait le dortoir des filles du reste de l'université. Sa chambre était la première à droite, on lui avait attribué dès son arrivée, il y avait un an de cela. Normalement elles étaient deux mais Noreen ne connaissait pas encore sa colocataire de l'année. L'an dernier, elle était avec une elfe qui avait maintenant fini ses études. Elle passerait donc l'année aux cotés d'une ,nouvelle personne. Une fille sympa l'espérait-elle. Enfin, si c'était une petite jeune, elle n'aurait pas de mal à l'impressionner et à fixer ses règles. Il fallait toujours fixer des règles dans la vie, c'était son père qui lui avait appris ça, rien ne marche si des règles ne sont pas fixées au préalable.

Ah, et bien on avait du lui attribuer quelqu'un entre temps parce qu'il y avait un sac sur l'autre lit de la chambre. Humaine ou elfe ? Il n'y avait pas d'indice, elle verrai bien. Elle devait avouer qu'elle préférait une elfe. Quelqu'un qui viendrait de la même culture qu'elle, avec qui elle pourrait sympathiser. La jeune Melkor enleva ses vêtements de tennis et jeta tout dans le panier prévu à cet effet. Trois minutes plus tard, elle se laisser aller sous l'eau bienfaisante de la douche. Elle régla l'eau chaude puis tourna petit à petit le bouton jusqu'à ce qu'elle soit fraiche. Avec la chaleur qu'il faisait dehors elle ne mettrait pas longtemps à se réchauffer. Elle s'enroula de la serviette moelleuse. Et entreprit de démêler ses longs cheveux blonds avec un gros peigne, ils n'étaient jamais aussi clairs qu'en été. Quand elle fut prête, elle sortit de la salle de bain pour rejoindre sa chambre.

En prenant le couloir, elle se rappelait son arrivée ici. A l'époque, elle était intriguée, peut-être un eu effrayée aussi, elle ignorait complètement dans quoi elle se lançait.Elle se rappelait les elfes plus âgés qui se connaissaient et se retrouvaient après la séparation des vacances d'été. Il n'y avait que des elfes à l'époque, les premiers humains étaient entrés en même temps qu'elle. Le premier jour, il n'y avait pas grand monde dans sa classe, les élèves arriveraient au fait et à mesure de l'année leur avait-on expliqué. C'était avant l'arrivée de Linda, des fois elle ne savait même plus qui était arrivé quand. Le jour de la rentrée, il y avait elle et Josh. Un humain, elle avait tenté de discuter un peu avec lui, deux nouveaux pour s'entraider, mais elle s'était rapidement rendu compte qu'ils n'étaient pas fait pour s'entendre. Sous prétexte qu'il était beau il comptait se glisser dans le lit de toutes les filles du campus. Il semblait s'être calmé quand il était sorti avec Lucia mais depuis qu'ils étaient séparés ça allait de nouveau est la chasse. Stupide.

Tiens, sa colocataire devait être là, perdue sans ses pensées elle n'avait pas fait attention qu'il y avait du bruit dans sa chambre. La porte était restée ouverte d'ailleurs. Elle se demandait bien qui allait passer l'année avec elle, enfin elle allait bientôt le savoir. Ce n'était pas la tenue la plus appropriée, remarqua-t-elle en songeant à sa serviette et à ses cheveux mouillés. Elle poussa la porte et resta immobile un moment devant le spectacle qu'elle avait sous les yeux. Josh venait d'ouvrir son sac posé sur son lit qu'elle n'avait pas encore défait. Il semblait chercher quelque chose.

-Josh Ashton ! Est-ce que je peux savoir ce que tu cherches dans mon sac ?!

- T’en fais pas, je te le ramène.
- Il est dans mon sac, le même que l’année dernière, sur mon lit.
- T’inquiète pas, je reviens.

Sur ce, Josh abandonna sa meilleure amie à son travail et quitta la bibliothèque. Ce n’était pas trop son truc les bibliothèques. Il ne fallait pas y faire de bruit… quelle drôle d’idée ! Et comment on s’amuse sans faire de bruit, hein ? Le regard du Rimbor croisa celui de deux elfes et il poussa un profond et bruyant soupir face à leurs pupilles chargées d’animosité. Un soupir qui lui valut une grimace de reproche de Zachary. Non, vraiment, il n’aimait pas les bibliothèques. Katie y finissait un devoir, ensuite ils envisageaient de se promener dans le parc de l’université. La jeune femme avait simplement un coup de fil à passer, d’où la proposition du fils Ashton de lui ramener son téléphone. Rien de plus qu’une excuse pour se dégourdir les jambes, certes, mais il était certain que Katie préférait ne pas l’avoir dans les pattes pour travailler…

Ahh, quel plaisir de retrouver les couloirs de l’université gorgés d’étudiants. Il avait adoré y passer l’été, la directrice lui avait évité d’amères retrouvailles avec ses parents mais il préférait tout de même lorsque l’école était au complet. Josh salua une sœur et un frère Rimbors d’un clin d’œil tandis qu’il déambulait en direction des dortoirs des filles. Les Rimbor, c’était devenue sa véritable famille. L’avantage dans une école comme Isithrandil, c’était la solidarité qui s’installait au sein des fraternités. Dans ce conflit qui opposait elfes et humains, il était bon de pouvoir se reposer sur les personnes que l’on côtoie quotidiennement et Josh était loyal aux siens.

Arrivant à destination, il s’engouffra dans le couloir de tous les interdits, qu’il avait pourtant tant foulé durant les nuits lors de sa première année. Un couloir vide par ailleurs. Tant mieux, il éviterait ainsi les remontrances inutiles, parce que ce cher monsieur n’avait pas la moindre idée de la chambre qui avait été assignée à son amie en cette nouvelle année. Quel idiot ! Comment faire ? Ca serait trop bête de faire demi-tour… Il s’approcha de la première porte, déposa sa main sur la poignée et s’interrompit. La télépathie offrait bien des avantages, surtout après une année d’apprentissage… Il sonda l’intérieur de la pièce et son esprit rencontra une voix :

« Je suis trop contente d’être coloc’ avec Elena cette année ! »

Avec un sourire il lâcha la poignée. Au suivant. La porte d’en face maintenant, même procédure mais il ne rencontra rien d’autre qu’un silence de plomb. Vide ? Il entrouvrit la porte. Il n’y avait personne, simplement un sac posé sur un lit. Le Rimbor s’engouffra à l’intérieur. Ce sac… il ressemblait plus ou moins à celui de Katie. D’ailleurs il était comment le sac de Katie l’année dernière ? Même forme, même couleur… Enfin, il pensait. D’ailleurs plus il y pensait, plus le doute s’installait. Il chercha autour de lui des signes qui lui prouveraient qu’il se trouvait bien dans la chambre de sa sœur de cœur mais rien n’y fit… Et il n’allait pas fouiller de partout, il avait un minimum de décence. Un minimum bien, bien caché, il fallait l’avouer, mais quand même… Enfin… Il pouvait juste jeter un coup d’œil à l’intérieur du sac, si c’était celui de Katie, il le verrait immédiatement, dans le cas contraire, il n’aurait qu’à déguerpir. Le jeune homme s’approcha du lit et ouvrit la fermeture éclair quand une voix l’interpella. Mauvaise pioche… Très mauvaise… Il se retourna l’air gêné :

- Ton sac ? C’est juste un malentendu…

Il laissa la fin de sa phrase en suspens et ses lèvres s’étirent en un mince sourire.

- Je devrais songer à venir plus souvent par ici… déclara-t-il en dévisageant de haut en bas la jeune elfe en serviette de bain.

Jolie elfe d’ailleurs. Seul petit problème : elle le détestait. Dommage, dommage… D’ailleurs, que lui avait-il fait ? A part le fait d’être un humain, bien sûr… les choses ne semblaient pas si noires le jour de leur rentrée à Isithrandil, puis, au fil des jours, leur relation s’était dégradée. Certainement sa réputation qui jouait contre lui. Allons-y… C’était un parfait emmerdeur ? Vrai. Un chercheur d’ennui ? Vrai. Un coureur de jupons ? Vrai. Mais il l’assumait. En partie… Le jeune homme s’assit sur le lit de Noreen, s’il devait attendre qu’elle le lui propose, il mourrait de crampes d’y être convié. D’un geste vif, il attrapa le sac de l’elfe et en soupesa le contenu. Quitte à être dans la chambre de la Melkor, autant s’amuser un peu…

- T’as des choses à cacher ?

Son sourire se fit mesquin, du coin de l’œil, il lui lança un nouveau regard sans la moindre pudeur. Vraiment belle. Ses longs cheveux humides avaient le don de la mettre en valeur. Les pupilles pétillantes, il la provoqua, moqueur mais honnête :

- Ça te va vraiment bien la serviette. T’en ferais craquer plus d’un.

Plantée dans l’encadrement de la porte, Noreen sentait l’énervement la gagner. Elle était heureuse de retourner à l’université, de retrouver les vieux bâtiments, ses amis, elle était même heureuse de reprendre les cours. Son père l’avait obligée à travailler tous les matins pendant les deux mois d’été et elle avait hâte de pouvoir mettre ça en pratique. Oui, tout lui faisait plaisir en ce premier jour, il avait fallu qu’elle trouve ce crétin d’Ashton dans sa chambre, pire, en train de fouiller dans son sac. Pourquoi il fallait que ça recommence comme ça ! Pourquoi il fallait que dès le premier jour, il vienne lui casser les pieds ?!

-Un malentendu ?! Je vais t’en donner moi du malentendu… ajouta-t-elle dans un murmure

Si Josh parut mal à l’aise un instant, il reprit vite contenance, déjà un sourire venait se poser sur ses lèvres fines tandis qu’il la regardait. L’aplomb ce n’était pas ce qui lui manquait ça c’était pas nouveau. Noreen sentit ses joues se colorer légèrement. Elle avait envie d’aller le gifler et dut se retenir de ne pas faire trois enjambées dans sa direction pour le virer de là. Pour autant, elle refusait de s’approcher de lui, elle préférait rester loin de lui. Serrant ses bras sur sa poitrine, elle toisa Josh le visage fermé. Parce que dans l’histoire c’était plutôt lui qui aurait du être gêné d’être là.

-Est-ce que je peux quand même savoir ce que tu fais dans ma chambre ?

Il lui semblait que ça faisait partie des règles de l’université que les garçons n’avaient pas le droit d’entrer dans le dortoir des filles. Bon d’accord, ce n’était pas forcément la règle la plus suivie, songea-t-elle avec un minuscule sourire. Elle se demandait des fois si les professeurs étaient vraiment dupes où s’ils faisaient mine de rien savoir. Si elle avait des choses à cacher ? Il n’y avait rien dans son sac qui put la mettre dans une situation embarrassante. Elle réfléchit tout de même instant mais non rien qu’elle ne put mettre à la vue de tous. Enfin elle préférait éviter que ses sous-vêtements se trouvent au vu de tous au milieu de la cour mais elle se doutait bien que Josh en avait vu d’autres. Non, rien à cacher, tant mieux étant donné qu’elle ne savait pas ce qu’il avait pu voir. Par contre il lui semblait qu’il avait oublié un détail.

-Ici c’est la chambre des filles, et au moins que l’on m’ait mal renseigné tu n’en es pas une, ce qui signifie que tu n’as rien à faire ici !

*Et ne me fait pas croire que tu es ma nouvelle compagne de chambrée ou je t’envoie dire un petit bonjour à la cime des arbres*

Sa serviette ! Noreen eut une moue de mépris. Si c’était tout ce qu’il avait trouvé pour la mettre mal à l’aise c’était pathétique ! A la première surprise, peut-être aurait-elle un peu rougit mais elle avait eu le temps de se faire à l’idée qu’il été là pour qu’une remarque aussi attendue ne lui fasse rien. Elle leva les yeux au ciel puis le posa sur lui avec un sourire acide.

-Tu devrais proposer à la directrice d’en faire l’uniforme de l’université, comme ça t’auras plus besoin de venir surprendre les filles dans leurs dortoirs .

Josh abandonna le sac à côté de lui. Rien à cacher alors ? Même pas drôle. D’ailleurs Noreen n’était pas drôle, ce n’était pas nouveau, surtout lorsqu’il s’agissait de lui. Regardez ce visage fermé, ces bras serrés… sourire n’a jamais tué personne, enfin en théorie. Son regard se fit de nouveau évasif lorsqu’elle évoqua la raison de sa présence ici. Oui, oui, c’étaient bien les chambres des filles, il était bien placé pour le savoir et… ? Sa nouvelle coloc’ ? Lui ? Pourquoi pas…

- Ce que je fais dans ta chambre ? Et bien, je suis ta nouvelle compagne de chambrée… tu sais, pour cette année…

Il se défendit immédiatement :

- Et non, je n’ai pas la moindre envie de faire un tour au sommet des arbres pour saluer les oiseaux, Katie se débrouille mieux que moi pour ça.

Josh la gratifia d’un sourire mesquin. Lorsqu’il s’agissait de converser avec les animaux, sa meilleure amie était une championne. Son don faisait bien des envieux. Il n’était pas le dernier, il fallait l’avouer, ça le démangeait parfois. Qui n’eut jamais rêvé un jour de parler aux chiens, chats, et autre animaux ? Enfin… Il reporta son attention sur l’elfe, connaissant son tempérament impétueux avec lui…

- Non en vérité, tu vas rire… En fait je cherche la chambre de Katie justement. Je dois lui rapporter son téléphone, j’ai simplement oublié un détail… Je ne sais pas dans quelle chambre elle est cette année.

Il secoua la tête en signe de dépit. Franchement, c’était ridicule. Il devrait avoir honte comme le dernier des imbéciles, mais étrangement, chez Josh ça ne provoquait qu’un sentiment de jeu et d’amusement. S’il n’avait pas omis de demander à son amie quelle était sa chambre, il n’aurait jamais eu à chercher et ne se serait jamais retrouvé dans cette situation. C’aurait été du gâchis.

- Et puis, c’est de ta faute, si tu n’avais pas un sac qui ressemble autant au sien, je n’aurais pas eu besoin de venir fouiller à l’intérieur… vraiment navré que ça soit tombé sur toi.

Navré, navré… pas tant que ça en toute honnêteté, mais ça, Noreen le savait bien. D’ailleurs la remarque de celle-ci lui tira un nouveau sourire. Une serviette en guise d’uniforme ? Mais quelle bonne idée ! Il faudra qu’il songe à en parler à Miss Donovan. Elle en serait ravie. Josh en était certain. De toute manière, il l’avait habituée au pire venant de sa part.

- En faire l’uniforme… aucun intérêt, je préfère venir te surprendre ici. Tu me connais, je n’aime pas la facilité…

Pour ça, il était le meilleur ! Fréquenter la petite amie de son pire ennemi, c’était… téméraire ? Inconscient ? Totalement stupide ? Peut être bien… Mais follement excitant, ça c’est sûr ! Et il ne faut rien de plus qu’un peu de distraction pour susciter l’attention du phénomène Ashton. Et soyons sincère, son histoire avec Lucia sortait de l’ordinaire. Il l’aimait, avant. Au début de leur relation. Avant que cette dernière ne s’essouffle à petit feu et que leur relation ne devienne qu'un jeu. Une véritable roulette russe où la défaite n’est pas permise. Dommage. Il paierait cher pour voir les conséquences que cela impliquerait mais respecte trop la douce Spencers pour lui planter un couteau dans le dos. Du moins, tant que les frangines se tiennent à l’écart… Est-ce que Madyson et Ambrosia finiront par tirer au clair cette affaire ? Josh s’en réjouissait d’avance, cette année, il ne s’ennuierait pas ! D’ailleurs, pourquoi commencer cette nouvelle année sur de mauvaises bases ?

- Je suis désolé, Noreen. Crois moi, j’aurais jamais fouillé là dedans si j’avais su que c’était à toi.

Et il disait vrai ! Bien qu’il n’ait aucune gêne à se trouver dans pareilles circonstances, mettre la patte dans la chambre d’une Melkor aussi antipathique que la jeune Miller à son égard était une mauvaise idée, et il en était conscient. Mais ce sursaut de bienveillance était bien trop malvenu de sa part… ça ne le ressemblait vraiment pas. Il s’allongea sur le lit de l’elfe, après tout, Katie était loin de terminer son devoir et il préférait s’attarder quelques minutes de plus ici que dans la bibliothèque.

- Alors, contente d’être de retour ici ? lui lança-t-il en tournant la tête dans sa direction.

Hein ?! Comment… comment ? Sa nouvelle camarade de chambrée ?!

« Ce crétin est télépathe, comme j’ai pu l’oublier ?! »

Elle se redonna une gifle mentale, elle avait appris l’année dernière à ne plus formuler ses pensées de façons à ce qu’il ne puisse rien capter venant de sa part. Ce n’était pas difficile mais il fallait un peu de contrôle de soi. Elle respira un grand coup. Bon, elle connaissait le contrôle d’elle-même, son père lui avait fait pendre plusieurs leçons de méditation l’été dernier. Elle se concentra sur les respirations de son ventre comme on le lui avait enseigné. Voilà ! Cela allait déjà mieux. Ashton n’était peut-être pas très fin dans ses blagues m’enfin il était pas bien méchant, peut-être juste un peu… puéril ? Oui c’était sûrement ça. Elle n’avait qu’à imaginer qu’elle était en face d’un enfant ça devrait aider. Elle avait l’habitude de s’occuper du fils d’Elia dès que sa sœur venait les voir à la maison, ça devait pas être bien plus compliqué. Dire bonjour aux oiseaux de la cime des arbres ? La jeune elfe sourit et rigola doucement sans faire attention à son sourire mesquin.

-Elle pourra leur demander qu’ils attendent 7h30 pour piailler alors ?

Elle lui adressa son plus beau sourire. Bah quoi ça la réveillait. C’était s’était agréable d’entendre les oiseaux au réveil mais moins de se faire tirer du sommeil une demi-heure avant le réveil par des cui-cui de volatiles insomniaques.

-Je suis morte de rire en effet, aïe mon ventre, tu devrais prévenir avant de dire des choses aussi drôles.

Contre le chambranle de la porte elle le toisait d’un air narquois, en plus son petit air de gamin prit en faute était trop chou. Dommage que Rose ne soit pas là, elle se serait fait un plaisir de l’immortaliser. Non, franchement, on lui avait dit que le métier d’acteur n’était pas fait pour lui ? Il jubilait de la situation et il ne parvenait pas à le cacher. Hors de question de lui donner plus de raisons de jubiler. Maintenant qu’elle avait réussi à retrouver son sang-froid pas question de le reperdre, aussi répondit-elle sur le ton le plus neutre qu’elle possédait.

-Ma faute ? Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre le sac de Katie est rouge, on ne m’avait pas dit non plus que t’étais daltonien, déclara-t-elle en montrant son sac bleu d’un signe de tête.

En réalité, elle n’avait pas la moindre idée de ce à quoi ressemblait le sac de la Rimbor et s’en fichait comme de sa première chaussette mais puisqu’il semblait vouloir s’amuser autant qu’ils s’amusent tous les deux. Parce que son navré, c’était pas super crédible alors qu’il avait l’air de tellement s’amuser.

Elle aurait presque oublié qu’elle devisait avec Josh Ashton dans sa chambre alors qu’elle sortait de la douche s’il ne lui avait pas rappelé. Par reflexe, elle resserra son bras autour de sa serviette. Hors de question de la perdre maintenant. Elle n’avait aucune raison d’avoir honte dans la situation actuelle mais elle devait quand même rester sur ses gardes, elle ne pouvait pas oublier à qui elle avait à faire.

-Me surprendre ? Je ne crois pas à ton aveu…

Elle leva un sourcil amusé et continua avec un soupir feint.

-C’est vrai c’est si ennuyeux la facilité…

Pauvre petit chou, il avait toutes les filles de l‘université dans ses bras quand il voulait mais que sa vie était triste, que c’était ennuyeux une vie comme ça. Bientôt il allait se mettre à pleurer sur son pauvre sort. Et puis après tout s’il voulait mais il était prié de pleurer sur son sort ailleurs que dans sa chambre.

Par contre ses quelques excuses la surprirent un peu, elle ne s’attendait pas à ça. Enfin venant de lui c’était sûrement sarcastique. Surtout qu’il en profitait pour s’installer sur son lit, non m ais qu’il ne se gène pas surtout ! Elle traversa en quelques pas, les quelques mètres qui les séparaient et se planta au bout du lit.

-Heureuse ! Et toi ?!

" Et ce crétin est toujours dans ta tête… "lui répondit Josh par télépathie.

Son intarissable sourire planté sur les lèvres, Josh sentit peu à peu les pensées de Noreen s’effacer. Ca, c’était extra, vraiment. Il n’en attendait pas moins de cette chère Miller. Croyez-le, contrôler son esprit de manière à y effacer toute trace de pensée était un exercice complexe. Vivre devient une improvisation de tous les instants, impossible de réfléchir à ses paroles, ses actes consciemment, sinon Josh le percevrait. Il n’avait jamais douté que Noreen en était capable, mais était admiratif devant cette démonstration. Penser était un acte naturel, combien de temps avant que le naturel reprenne le dessus ? La moindre déconcentration suffirait-elle ? Il espérait que non, il s’amusait beaucoup. D’ailleurs il ne connaissait pas ce sens de l’humour venant de la belle elfe. Attendre sept heure trente pour piailler ? Il faudrait qu’il en parle à Katie.

- Je ferais passer le message, tu peux compter sur moi.

Aussi, elle lui répondit au tac au tac, soit disant que le sac de Katie était rouge. Sans la moindre émotion, il fouilla dans sa petite tête. Pour ça, il était devenu fort, imbattable. Les premiers temps, son don lui demandait un tel effort de concentration qu’il ne passait jamais inaperçu, aujourd’hui il était devenu un vrai comédien. Et il savait en jouer dans n’importe quelle situation, faussement attristé, charmeur hypocrite… Il savait toujours comment obtenir ce qu’il désirait. Hors de question de laisser Noreen percer à jour son doute. Elle n’hésiterait pas à l’enfoncer le cas échéant. Rouge alors ? Il retint un soupir, peut être bien… ou pas… Mon Dieu, il l’avait pourtant vu des centaines et des centaines de fois l’année dernière… et pourtant, impossible de s’en souvenir. La belle affaire.

- Oh… Evidemment, je suis vraiment désolé, lui répondit-il avec ce petit air faussement troublé et insupportable dont il avait le secret.

Il cacha avec peine son amusement lorsqu’elle resserra ses bras autour de sa serviette. Etonnant qu’elle ait encore gardé son sang-froid. Ca lui plaisait. Il n’était pas prêt de partir, ça non, pour rien au monde il ne raterait la suite. Il ne put retenir un léger rictus lorsqu’elle évoqua l’ennui de la facilité. Si seulement elle savait… A quoi bon choisir la facilité lorsque l’on sait que sa prof a couché avec un élève dont elle porte l’enfant… Pourquoi choisir la facilité alors l’on couche avec la petite amie d’un Melkor proche de miss Miller. Avouez que sa vie était nettement plus distractive que celle d’un petit élève modèle.
Noreen entra dans la pièce lorsqu’il s’installa sur le lit et il guetta sa réaction. Cette dernière se contenta de rester debout à l’autre bout du lit. Surprenant. Quelle mouche l’avait piquée aujourd’hui ? Elle répondit même à sa question. Inquiétant… Elle était trop gentille, ça cachait quelque chose… Ou alors c’était son charme naturel qui faisait son petit effet. Surement la seconde proposition.

- Heureux de vous voir tous de retour. Passer l’été ici c’est génial, mais ça manque un peu d’animation.

Et oui, Josh faisait parti de ces élèves qui avaient choisi de ne pas retourner à la maison pour les vacances d’été. Pourquoi faire ? Subir la colère de son père pour avoir dérogé à son rôle de futur homme de la maison ? Non merci. Il préférait rester le poulain de la directrice, ils étaient tous ses petits protégés et c’était parfait ainsi. Elle le tenait loin de sa famille et il ne la remercierait jamais assez pour ça. Enfin… il ne put s’empêcher de penser à voix haute, redressant son torse et s’appuyant sur ses coudes :

- Je t’ai connu moins courtoise…

Mais se rattrapa comme il put :

- Oublie ça... tes vacances se sont bien passées ?

Quitte à ce que Noreen daigne partager un semblant de conversation avec lui, autant en profiter.

« Casses-toi de ma tête » persifla l’elfe avec force avant de bloquer ses pensées.

Elle avait eu besoin de beaucoup d’essais avant de réussir à contrôler son esprit. C’était un acte tellement automatique de penser. Ne plus penser c’était se servir d’avantage de ses instincts et pour Noreen qui voulait toujours se contrôler complètement il avait été difficile de s’abandonner ainsi. Elle avait fini par développer une technique à elle qu’elle ne parvenait pas vraiment à expliquer mais qu’elle contrôlait, elle se laissait fonctionner par habitude en quelque sorte, un peu comme si elle dormait ou pensait à autre chose en même temps. Par contre, il était difficile d’avoir une conversation intelligente en même temps, enfin pour parler avec Josh cela suffisait. Elle ne pouvait pas non plus se servir de son pouvoir en même temps, il nécessitait toute sa concentration.

La Melkor se demanda un instant s’il comptait vraiment transmettre sa requête à Katie. Elle avait dit cela pour rire. Enfin peu lui importait de toutes façons, elle se doutait bien que Katie n’allait pas prendre la peine de parler à tous les oiseaux du parc pour son petit sommeil à elle. Dommage ça aurait été chouette. Elle enviait un peu la jeune femme. Elle avait eu plusieurs chats dans son enfance et elle aurait vraiment aimé pouvoir discuter avec eux, elle leur parlait déjà mais s’ils avaient pu lui répondre cela aurait été merveilleux. Enfin, elle aussi avait un don et il lui plaisait beaucoup. L’air était devenu son allié, léger, insaisissable, toujours présent…

Désolé… Mouais elle allait faire comme si elle le croyait. C’était sûrement le plus gros problème avec lui c’est qu’elle ne parvenait pas à lui faire confiance, il y avait quelque chose chez lui qui ne lui plaisait pas. A commencer par son petit air mielleux. Sauf quand il disait être heureux de leur retour à tous, là elle le croyait. Déjà parce qu’en effet l’université devait paraître vide sans les étudiants dans tous les coins, et puis elle ne savait pas, là elle le croyait c’était tout.

-Eh bien nous revoilà tous, c’est repartit pour un an !

Elle s’attendait moins à la suite. Cela la fit sourire. Il la trouvait courtoise cette fois ? Et bien tant mieux parce que si lui l’étais il l’aurait déjà laissée tranquille. Ce n’était pas qu’elle s’ennuyait avec lui, pour une fois qu’ils échangeaient quelques paroles sans crier, c’était leur discussion la plus courtoise comme il le disait lui-même. Mais bon, elle avait d’autres choses à faire, s’habiller par exemple.

-Oui, très bien. Il y avait qui d’autre avec toi ici cet été ?

Elle s’en fichait ? Oui un peu. Mais bon pour une fois qu’il se montrait plutôt sympa elle ne voulait pas être trop méchante. Elle lui jeta un coup d’œil, il commençait à un peu trop s’installer à son gout.

-Hum… est-ce que cela serait trop de demander de quitter cette chambre et de me laisser un peu d’intimité ?

Elle avait posé la question très gentiment et avec un grand sourire. Elle ne voulait pas se disputer avec lui, seulement qu’il dégage.